L’Homme-Jasmin
d’après l’Homme-Jasmin de Unica Zürn
Traduction française de Ruth Henry et Robert Valençay
Éditions Gallimard, 1971, collection L’Imaginaire, 1991
Conception et adaptation pour la scène Magali Montoya, pour cinq actrices :
Anne Alvaro, Ulla Baugué, Marilu Bisciglia, Ariane Gardel, Magali Montoya, et les participations exceptionnelles de Nathan Astar, Jules Churin, Lazare Herson-Macarel, Julien Miller, Louis Ritter, Lucas Warin, Solal Bouloudnine
Lumière : Pascal Noël
Régie : Thierry Charlier
Photographe : Bellamy
Relations presse : Claire Amchin – l’autre bureau
La Fonderie, Le Mans : les 9 et 10 mars 2011 à 19h30.
Théâtre de l’Échangeur, à Bagnolet, du 18 au 28 mars 2011.
CDN de Dijon, le 4 avril 2011, dans le cadre du festival Itinéraires Singuliers.
C’est en 1965 qu’Unica Zürn commence la rédaction de L’Homme-Jasmin bouleversant documentaire du moi où elle rend compte dans un style rigoureux de ses voyages visionnaires. Loin d’une introspection complaisante, elle donne naissance à une œuvre littéraire lucide, tirée du plus profond de son être.
La mise en scène de Magali Montoya distribue le texte entre cinq voix où cinq âges se côtoient sans s’annuler et où les vécus s’entrecroisent, s’amoncellent, s’observent.
C’est un labyrinthe L’Homme-Jasmin comme le sont nos vies si l’on veut bien y réfléchir. Une vision intérieure du monde comme si c’était une succession de cadres. […]
Son écriture procure à la fois la fièvre et l’apaisement que procure toute chute de neige.
Arrêt, sidération, trouble, émerveillement, aboutissement.
Mon émerveillement de lectrice a rejoint celui qu’Unica Zürn avait pour le monde. Face à la réalité, le partage de L’Homme-Jasmin ouvre une porte à un autre possible.
Une voie étroite, dont Unica Zürn n’est pas sortie indemne.
Mais avant la chute, elle s’est tenue debout.
Et c’est ce combat que je veux poursuivre.
Magali Montoya
Production : Le Solstice d’Hiver – avec l’aide à la production d’ARCADI (Action Régionale pour la création artistique et la diffusion en Île-de-France) -, de la DRAC île de France et de l’Adami.
Coréalisation : Théâtre de l’Echangeur-Cie Public Chéri, avec le soutien de la Fonderie au Mans.
Remerciements au T2G, théâtre de Gennevilliers.
Administration : Céline Bothorel
Encre de chine, Unica Zürn, 1950
Récit de Magali Montoya, janvier 2010.
« Qu’est-ce qu’un écrivain? »
Réponse d’un élève de primaire :
« C’est quelqu’un qui est mort et qui habite à la campagne »
Le livre L’Homme-Jasmin m’a été offert par une amie, début 2005.
L’amie qui me l’avait donné ne l’avait pas lu. Le sous-titre : Impressions d’une malade mentale et la fin tragique de son auteur – Unica Zürn s’est défenestrée – auraient pu laisser présager une lecture accablante. Il n’en fut rien. On ne résume pas L’Homme-Jasmin. Et s’il était possible de le faire, je n’aurais pas le désir de le mettre en scène. S’il faut un repère, on peut dire qu’il s’agit du récit d’une vie, une vie intimement liée à la création, celle d’Unica Zürn, à partir de l’année 1953.
Bien que ce ne soit pas si clair que cela, Unica Zürn travaille sur des frontières, des limites floues. Autobiographie, fiction, imaginaire s’imbriquent.
Si l’on veut un repère géographique, on peut prendre appui sur les déplacements de cette vie et les allers et retours entre le pays natal, l’Allemagne et la France.
A cela s’ajoute l’essentiel. À savoir, ce qui fait de L’Homme-Jasmin une œuvre littéraire singulière et sublime : un style incomparable, des élans bouleversants de vérité, un voyage dans les abîmes de l’être, l’aveu d’instants d’extase, un envol intérieur.
L’espace du dedans, par définition impossible à partager, nous parvient grâce au travail, à l’écriture d’Unica Zürn. Une œuvre dont la clef d’entrée pourrait être : Ecouter /Voir.
La devise de l’auteur les images doivent parler d’elles-mêmes atteint ici son but.
Ma première pensée a été de partager cette découverte. J’avais la certitude que nous étions nombreux – et pas tous fous – à être susceptible d’être touchés par cette œuvre.
Jusqu’ici tout va bien, nos choses commencent toujours un peu comme ça.
Au printemps 2005, lors d’une rétrospective Fassbinder à Beaubourg, j’apprends qu’Hannah Schygulla va présenter un film réalisé par elle-même, Protocole de rêves, dont l’origine est L’Homme-Jasmin. Fassbinder lui avait proposé, pour la première fois, de ne pas être seulement sa muse et sa poupée mais de travailler avec elle à l’adaptation et à la genèse du film. Ils avaient commencé. Hélas, le compagnon de Fassbinder meurt et Fassbinder délaisse le projet pour tourner un Requiem à son compagnon, L’année des treize lunes. Lui-même décède peu de temps après. Hannah Schygulla reste seule avec ce désir. Elle ne se sentait pas le courage de lui donner une suite. Seule. Mais, partant de ce manque-là, elle a commencé un travail sur ses rêves et a filmé des images qu’elle monta bien des années plus tard.
Après la présentation de son film, j’ai l’audace d’aller la voir pour lui dire que j’avais lu L’Homme-Jasmin et que j’aimerais, moi aussi, un jour, faire quelque chose avec. Elle était si heureuse que quelqu’un dans la salle ait lu ce livre et puisse faire le chemin entre le livre et son film ! Elle me caressa la joue et me souhaita le meilleur. Et voilà, c’était dit à quelqu’un – et à qui ! – j’avais envie de faire quelque chose avec Unica Zürn.
Le livre attendait sur une étagère, sagement.
En septembre 2006, des affiches dans mon quartier annonçaient une rétrospective des œuvres de Unica Zürn à La Halle Saint Pierre.
Cet événement me rappelait à l’ordre ; il était temps. L’enthousiasme et la naïveté qui président à ce genre d’initiative m’ont envahie. Oui, envahie ! J’ai invité Anne de Queiroz à travailler avec moi. J’avais appris au détour d’une conversation qu’elle aimait beaucoup ce livre. Son empathie était un gage suffisant.
Nous avons commencé à travailler sur l’adaptation du texte le 23 novembre 2006.
Je voulais adapter L’Homme-Jasmin pour cinq actrices.
Cinq belles actrices que je savais dans la capacité d’une rencontre singulière avec ce texte.
Quel bonheur, réunir cinq actrices sur un plateau, c’est déjà une grande joie, c’est si rare et c’était pour moi la promesse d’un instant de travail partagé, singulier et heureux.
Il fallait aller vite, l’adaptation devait avancer, en même temps que les démarches pour faire une lecture pendant le temps de l’exposition à la Halle Saint Pierre.
Mes tentatives pour convaincre la conservatrice de ce musée de présenter notre spectacle en présence des œuvres d’Unica Zürn ont été infructueuses, voire annonciatrices de difficultés que j’allais rencontrer. Elle ne retint pas notre proposition et décida de faire lire des extraits de L’Homme-Jasmin par deux hommes devant une table recouverte d’une nappe blanche. Ainsi donc, Unica Zürn était présentée comme une pauvre folle dont la voix ne pouvait être portée que par des hommes, représentant les instances psychiatriques.
La fraternité, l’empathie qui me relie à cette femme, au travers de son écriture, me donne horreur de ces visions réductrices et méprisantes. Peu importe. Les colloques donnés à l’occasion de cette exposition m’ont permis de donner mon avis sur la dimension bien plus universelle de cette artiste. C’était une des premières fois que j’osais prendre la parole en public. J’ai ainsi pu rencontrer plusieurs aficionados de ses œuvres et spécialistes aux regards plus larges et généreux.
Je reviendrai sur ces rencontres.
J’étais à Lisbonne mi-septembre 2006 pour jouer Le Marin de Pessoa mis en scène par Alain Ollivier avec Anne Alvaro.
À la fin d’une promenade, nous étions elle et moi assises sur un banc, sur une place, dans la douceur d’une journée d’été indien ; avec une certaine gravité mêlée de timidité, je lui ai parlé de mon projet autour de L’Homme-Jasmin (je lui avais déjà offert le livre) et lui ai proposé de se joindre à nous.
Sa réponse était sans réserve : Oui. J’en étais très heureuse, parce que nous venions de vivre des moments de travail rares, de ceux où on ne se pose pas de question de légitimité ou de justesse, de ceux où les cœurs et les âmes se déploient à la manière d’une fleur au printemps. Nous aimions travailler ensemble et nous nous comprenions. J’avais besoin de l’actrice qu’elle est et de ce qu’elle insuffle. Et c’était la promesse d’une belle rencontre pour elle avec ce texte, ça je le savais et la suite a dit le reste.
J’ai ensuite vu Ariane Gardel le 2 octobre 2006 au café MK2 quai de Seine et l’ai invitée à se joindre à notre groupe. Ariane ne jouait plus que très occasionnellement, son activité principale étant l’écriture, écriture de romans autobiographiques.Et j’avais envie d’interroger ça avec elle, ce rapport à l’écrit comme axe de vie qui est très présent dans L’Homme-Jasmin.
Voilà nous étions quatre : A.A, A.G, A de Q et moi.
J’avais vu jouer à plusieurs reprises Ulla Baugué ; sa présence me bouleversait autant qu’elle m’impressionnait. Elle est allemande et vit en France : c’est une dimension importante. Elle a – à peu prés – l’âge qu’aurait Unica si elle était encore parmi nous. En janvier, elle a soufflé ses 85 bougies.
A de Q venait de travailler avec elle sur Médée.
Nous l’avons appelée et nous sommes allées la voir le 14 Février 2007 dans sa maison aux abords de la forêt, près du Mans ; nous lui avons parlé du texte et lui avons laissé le livre. Sa réponse n’a pas trop tardé, elle était un peu inquiétante :ce n’est pas ma tasse de thé mais par amitié pour vous, je veux bien le faire.
Je me demandais pour ma part comment j’allais être à la hauteur de cette amitié dont elle proclamait la naissance !
Dernièrement, Marilu Bisciglia nous a rejointes, quand A de Q ne fut plus disponible pour la suite. Son talent, son écoute et ses affinités avec ce texte lui ont permis de prendre un train en marche depuis un moment déjà et ce, avec une éblouissante évidence.
Je reviens aux rencontres.
« Trois rencontres merveilleuses qu’elle fit dans son enfance lui ont donné très tôt à entendre que le sens de sa vie était de faire des rencontres. »
L’Homme-Jasmin, Unica Zürn
Je parlai un jour de L’Homme-Jasmin à Jean-Marie Patte : il se souvint avoir connu Ruth Henry, sa traductrice. Il se souvint aussi de Christiane Rorato, une actrice qui avait donné Sombre printemps d’Unica Zürn dans une galerie près de Beaubourg. Christiane aujourd’hui réalise des documentaires. Il me proposa de nous mettre en relation. Je l’ai rencontrée le 5 décembre 2006 dans un café, « Le Baroudeur », près de chez elle.
Nous avions convenu pour nous reconnaître qu’elle porterait un bonnet rouge et moi un blanc. Comme à mon habitude j’arrive un peu en avance. J’aime voir mes interlocuteurs entrer dans le café et observer leur attitude à cet instant. Une fille vint vers moi et me dit « c’est vous, c’est avec vous que j’ai rendez-vous ? » Je lui réponds « oui » tout en me disant que je l’imaginais plus mûre.
La fille s’assied en face de moi et commence avec enjouement à me raconter sa vie ou plutôt ses diplômes et à me faire le détail de son CV. J’apprends qu’elle parle plusieurs langues, son cursus m’impressionne. Je détourne mon regard et je vois là une dame qui me sourit avec un bonnet rouge. Je m’excuse, et explique notre quiproquo à mon interlocutrice ; elle se lève et disparaît.
Christiane vient vers moi et nous nous présentons; elle pensait que j’avais donné des rendez-vous dans ce café pour faire ma distribution : cela lui inspirait quelques préventions sur ma manière de faire. La rencontre fut belle et évidente. Le souvenir de son travail et mes balbutiements sur ce qui me touchait dans l’écriture nous réunirent. Nous partageons une fascination pour la force de Unica Zürn, et la capacité qu’elle a eu de transmettre son vécu de l’intérieur. Car il s’agit bien de cela : une force à dire, un art de la transmission. Christiane me propose de me prêter une interview de Herta Haussmann, peintre et amie de Unica Zürn, disparue depuis.
Elle m’assure que je pourrais y entendre des choses qui ne se disent ni ne sont écrites ailleurs ; du domaine privé, du quotidien du couple qu’Unica Zürn formait avec l’artiste Hans Bellmer. Celui-ci disait d’elle : « J’ai trouvé ma poupée ».
Quand on connaît les poupées de Bellmer et qu’on relie cela à la fin tragique de Unica Zürn, on comprend le poids de ces mots. J’ai entendu dans cet enregistrement bien des témoignages de cette difficulté de vivre dans la proximité d’un artiste, de l’être soi-même, de la pauvreté et de l’exil.
Je reviens à la Halle Saint Pierre en décembre 2006.
J’y rencontre Sepp Heikisch Picard, directeur du musée de Bochum, commissaire invité de l’exposition et co-réalisateur du catalogue édité à cette occasion. Je lui ai très vite expliqué mon désir de faire une lecture de L’Homme-Jasmin ; lui, très vite (sans réserve, sans a priori : ça doit être une spécificité allemande !) a mesuré à quel point c’était une bonne initiative et a tenté de son côté d’en convaincre la directrice de La Halle Saint Pierre. Aujourd’hui encore Sepp se tient au courant du devenir de ce projet et m’assure de son soutien.
C’est par l’intermédiaire de Sepp que je rencontre Ruth Henry, traductrice, critique d’art et amie de Unica Zürn. J’entends encore l’intonation et l’accent mélodieux et ferme de sa voix : Tout est vrai. Dans L’Homme-Jasmin, tout est vrai.
J’ai rencontré aussi suite à cette même conférence Frédérique Duplaix qui a écrit sur Unica, de son point de vue de psychanalyste.
Et puis, Jean-François Rabain qui fut autrefois infirmier à Saint Anne lors des internements de Unica, qui a aussi écrit sur elle, et qui est à présent psychanalyste.
Et Claude Roffat rédacteur en chef d’une revue d’art L’œuf sauvage qui m’a offert un numéro épuisé sur Unica lorsque je l’ai revu à Marseille…
J’ai l’air de m’égarer, mais non c’est important : il se tisse un réseau de liens autour de cet auteur qui sont le signe d’une chose importante, d’une acceptation, d’une légitimité.
« Si l’empathie c’est la possibilité de comprendre sans expliquer, de sentir en l’autre, de partager une sensibilité, bref de la rendre commune, elle consiste bien en un « partage du sensible ». Mais comment former une communauté d’empathies ? En pariant sur le gain politique de l’expérience esthétique. Non pas que l’expérience esthétique ait besoin d’être démocratisée, elle est présente avant tout le reste, elle doit être mise en commun. Le seul mode authentique de communication est celui de l’art parce qu’il n’en fait jamais une technique, mais toujours une expérience »
Charles Floren et Nicolas Gilly
Au reste, à cet instant de l’écriture de ce dossier, j’avoue à mon lecteur que cela m’épuise qu’il faille autant faire la preuve que oui, il y a matière à faire du théâtre, oui, il y a quelque chose à faire entendre. Imaginerait-on que ce quelque chose n’est l’affaire que d’une communauté réduite d’amateur d’art brut ?!
Dans un courrier de Michaël Lonsdale, ces mots : Oui, Unica Zürn est formidable.
Michaël Lonsdale a travaillé pour le film de Catherine Binet Les contes de la comtesse Dolingen de Gratz autour d’Unica. C’est un film qui a eu bien du mal à trouver ses producteurs. Georges Perec l’a produit pour sa femme avec l’argent de La vie mode d’emploi malgré les conseils d’amis professionnels qui lui disaient qu’il ne faut jamais faire ça ! Il leur répondait :
Si je ne le fais pas, ma femme mourra de ne pas faire ce film, alors je le fais !
Encore aujourd’hui il ne se passe pas longtemps avant que j’apprenne qu’un tel ou une telle travaille sur Unica Zürn.
La dernière étant Julia Kristeva.
Ça fait du monde ! Et moi je continue à penser que ce monde-là ne se réduit pas à une petite communauté d’intellectuels ou psychanalystes.
Je persiste à croire en mon désir.
J’en viens à notre rencontre avec Ruth Henry. Nous sommes allés la voir A de Q et moi le 1er février, puis le 29 mars et le 5 avril 2007 rive gauche, dans son quatorzième arrondissement, 12 bis rue Edgar Quinet. Un rez-de-chaussée très haut sous plafond avec une bibliothèque en bois faisant presque le tour de la pièce principale, une photo d’elle au mur prise par Man Ray, des tableaux, un chat et du thé.
On avait le trac. On avait lu pas mal de ses articles. On la savait formée à la philosophie, femme d’esprit et Jean-Marie Patte m’avait conseillé ne pas lui laisser trop d’espace. Bon.
On lui avait acheté un bouquet de fleurs.
Je l’ai saluée de la part de Jean-Marie, elle en était très émue et m’a dit qu’on vivait que très rarement des chocs et des découvertes comme avait été pour elle le travail de Jean-Marie Patte. Elle était très intéressée par notre démarche avec L’Homme-Jasmin. Elle nous dit : vous êtes si jeunes ! Ce qui est beau c’est votre désir. Oui, elle a su voir ça et ça la touchait je crois ; que des jeunes (plus tant que ça mais bon !) femmes mettent le nez dans une œuvre si ambiguë.
Elle nous avertit d’emblée : quand on s’approche d’Unica c’est pour la vie, et nous mit en garde contre une fascination pour la folie, mais sentit très vite que ce n’était pas notre clef d’entrée et nous nous retrouvâmes sur un terrain de discussion autour d’une vie de création.
Avec Ruth Henry, nous parlons de femmes à femmes. Elle nous raconte combien la vie d’Unica avait pu être dure, nous laisse entendre la difficulté de vivre auprès de Bellmer tout en confiant qu’ils étaient irrémédiablement liés l’un à l’autre. Elle s’interroge avec nous sur le fait qu’elle ait pu laisser ses enfants à son mari après son divorce, quitter son pays natal. Elle ponctuait ses récits d’adresses à son chat Puck qui grimpait sur la table : non Puck non eh oui mon Puck la vie c’est toujours non !
Elle revint à plusieurs reprises sur le fait qu’Unica voyait en L’Homme-Jasmin l’œuvre la plus importante de sa vie. Elle, Ruth Henry, le définit comme le récit des stigmates de la création.
Elle nous décrit cette femme comme l’être le plus poétique qu’elle ait jamais rencontré, et évoque aussi sa nature vive et son esprit : Il ne faut pas oublier l’humour, nous dit-elle. Oui, l’humour et l’esprit. L’intelligence et la force de cette femme.
Elle nous prête des livres, nous dit qu’elle est en train de traduire un inédit intitulé Le blanc avec le point rouge et nous annonce ce sera pour vous ça ! Elle nous assure de son soutien et accepte de venir débattre avec le public après la lecture.
En me souvenant de Ruth Henry – qui est morte depuis – je songe qu’il m’a été donné de rencontrer des gens qui ont passé leur vie entière à se pencher sur Unica Zürn. Je me sens bien faible lorsque je suis parfois tentée d’abandonner mon projet.
Ruth Henry nous racontait qu’après la mort d’Unica, elle avait mis 7 ans à faire éditer L’Homme-Jasmin en Allemagne. Même des amis auteurs et éditeurs le refusaient par peur du personnage, ou par préjugé : l’œuvre n’intéresserait que les femmes, les fous et les psychanalystes. On lui avait même proposé de l’envoyer à une revue féminine qui s’appelait – l’imaginez-vous? – Jasmin et qui était l’équivalent de Elle magazine. Imaginez-vous aussi, lecteur, des extraits de L’Homme-Jasmin dans Elle ?
Ruth Henry nous confia aussi ses réticences à l’appropriation que certains mouvements féministes ont tentée de l’œuvre d’Unica Zürn.
J’ai de plus en plus tendance à me dire que si j’avais travaillé sur Artaud je rencontrerais moins de difficulté. J’écris ça parce qu’il est souvent considéré comme son pendant masculin.
Pourquoi sa folie à lui et ses récits bénéficient-ils d’une acceptation et sont même la marque de son talent ?
Alors, pourquoi Unica est-elle reléguée au rang des folles ? Pourquoi inquiète-t-elle plus ?
Voilà des questions que j’aimerais ne pas soulever, et pourtant je m’interroge encore quand j’entends dire que, pour présenter L’Homme-Jasmin il faudrait le faire dans le cadre d’une thématique autour de la folie par exemple. Une thématique oui c’est ça ! Mais, bon sang, les femmes ne sont pas un « thème » ! Et les femmes internées en hôpital psychiatrique non plus ! Les femmes sont juste la moitié de la population et, que je sache, quand des textes d’Artaud sont programmés ils n’ont pas besoin de thématique autour de l’internement pour les accompagner !
Bon, un jour peut-être les femmes cesseront d’être des sujets à thèmes et pourront prétendre à vivre simplement ! Alors, les femmes artistes cesseront peut-être de créer au prix de leur vie. Enfin pour en finir avec ces passions tristes, L’Homme-Jasmin n’a pas été écrit pour des femmes et seulement pour des femmes ! Si Unica l’avait écrit dans ce sens, elle l’aurait signalé. Ce n’est écrit nulle part. Il s’adresse donc à tous.
Oui, L’Homme-Jasmin c’est difficile. Oui ça nous tend un miroir parfois violent.
Dans ce reflet on constate combien la vie nous a déformés.
Enfant, on rit de se voir en monstres dans les labyrinthes de verre. Adulte, on sait que la déformation est irrémédiable.
Oui ce doit être ça, cette confrontation est violente, la grimace est active, elle gagne du terrain ! On ne rit plus, on est dans les griffes du temps et la sortie est difficile à trouver.
C’est un labyrinthe L’Homme-Jasmin comme le sont nos vies si l’on veut bien y réfléchir. Une vision intérieure du monde comme si c’était une succession de cadres. Et il faut aimer les labyrinthes.
Une femme hors d’elle (c’est à dire une femme amoureuse ou ouverte au monde, comme je considère que l’a été Unica Zürn) a souvent été considérée par les hygiénistes comme dangereuse, parce qu’elle manifeste des signes qui perturbent le corps social. Alors c’est l’extase mystique : le couvent. Ou la folie : l’enfermement.
Je veux bien entendre qu’Unica Zürn ait été une marginale; la marge qui étymologiquement est le chemin qu’emprunte l’animal sauvage. Et oui la part animale – celle qui n’a pas été policée – et ne le sera pas. Mais cette marge-là, qu’il nous soit au moins permis de la suivre du regard et d’écouter la voix de ceux qui s’y sont engagés. Ce chemin là, c’est une consolation et c’est aussi une résistance au chaos qui nous entoure, à l’étau qui se resserre autour de nos gorges.
C’est noir. Mais est-ce que le monde qui avance et dans lequel nous vivons est lumineux ? Quand on veut transformer nos écoles en forteresses, quand sur nos frontières on érige des murs, quand la pensée est contrôlée, quand le pouvoir n’a que l’argent pour mesure, quand on ne regarde plus son prochain parce qu’on ne pourra rien pour lui, quand on a renoncé à tout ce qui maintient debout l’humain !
Alors, il n’y a que l’amour et l’amitié et l’art (les trois A) qui seront en mesure de sauver ce qui reste.
Et l’amour, et l’amitié et l’art, L’Homme-Jasmin en est gorgé.
À boire, à boire, au labyrinthe.
André Pieyre de Mandiargues, dans sa préface à L’Homme-Jasmin invoque cette violente empathie qui le relie à Unica Zürn : « Tromper la vie est un jeu bien plus aventureux que tous les jeux de trompe-la-mort. Y a-t-il quelque raison indépendante de la fonction sexuelle, pour qu’en ces extrémités nous chérissions les joueuses de préférences aux joueurs? je ne sais pas. Mais un geste pareil à celui d’Unica Zürn, qui jeta son passeport, à un certain moment de son existence, dans une boîte aux lettres, ne prend pour moi toute sa valeur, je l’avoue, et ne m’enchante ou me bouleverse absolument que s’il est exécuté par une main de femme. »
De vie, il n’y en aurait pas, sans les hommes et les femmes pour la vivre ensemble. C’est ensemble, avec d’autres, sur un théâtre que, personnellement, je me sens vivre. C’est le langage du plateau qui me va le mieux, c’est de là que je peux livrer des secrets que seul cet espace là m’aide à livrer. C’est là que ma vie trouve sa plénitude.
Et c’est ce que j’ai pu éprouver avec les deux Anne, Ulla, Ariane, Marilu, au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis en avril 2007, puis en juin 2009 à la Fonderie au Mans.
« Tisonner, quand on aime, n’est-ce pas développer matériellement sa pensée ? »
Causeries, de Gaston Bachelard
Pourquoi cinq actrices ?
Le récit d’Unica Zürn est une sorte de documentaire du soi dont on pourrait dire qu’elle est la principale protagoniste et le filmeur.
Le texte est principalement composé à la troisième personne, et je ne crois pas que cela soit seulement en écho à une pratique surréaliste courante.
C’est son trait de génie, sa manière de transmettre ce récit.
Une indication, une piste qu’elle invite à explorer.
Par cette démarche déjà elle nous invite à écouter les voix qui habitent en elle.
Confronter le texte à un espace du vide, du jeu, de la distance me semblait en respect avec sa nature.
Multiplier les interstices, pour permettre au spectateur de s’y glisser.
Mon propos n’est pas de donner un visage de femme unique à Unica Zürn.
Je n’ai jamais envisagé un monologue.
Mais en lui donnant cinq voix, je n’affirme pas que nous avons affaire à une personnalité fragmentée (une folle), mais à un personnage riche, multiple et complexe.
Unica Zürn assume totalement et sans réserve la complexité de son être, comme elle assume également ce qui lui échappe.
Cinq voix me paraissaient être une proposition en adéquation avec cette vie.
Et cinq écoutes,
Et cinq vibrations,
Et cinq visages en mouvement.
Le travail a très vite répondu à mon intuition.
Une forme de partage du récit m’a conduite à en révéler cinq axes majeurs :
Un lié à l’enfance
Un lié à la relation amoureuse
Un creusant le rapport à la création
Un entrouvrant la porte (des abîmes) de la folie
Un posant le contexte historique et faisant le lien entre la grande et la petite histoire
Cinq âges…
Cinq âges qui se côtoient sans s’annuler, s’imbriquent les uns dans les autres.
La vieille femme écoute la jeune femme, et la jeune femme entend la vielle femme, puis l’autre respire et l’autre encore tente une traversée du quatrième mur, et une autre actrice nourrie de ces influences, de ces mouvements intérieurs/extérieurs, donne alors de la voix.
Cette succession d’instants donne au temps une valeur de plénitude.
Comment pourrait-il en être autrement pour évoquer une vie ?
Et c’est dans ce geste d’adaptation kaléidoscopique, contraire à l’abandon, réfractaire à l’oubli, que ma fascination trouve son origine.
Ici se dévoile la naissance de notre fraternité, de notre empathie, de notre identification et donc l’espace du spectateur.
Apparaît alors – une vérité – que seul les poètes ont la faculté de transmettre
Et une vérité qu’il est salvateur de partager et qui nous relie à notre intimité la plus préservée…et la plus enfouie.
A ce jour L’Homme-Jasmin a été présenté sous forme de quintette, partition en main.
C’était un choix délibéré : Unica Zürn est un écrivain et ce travail sur sa propre vie est un acte d’écriture. Comment attester le plus simplement possible de cet acte de résistance qu’en montrant l’ouvrage, c’est à dire le texte même ? Comme un quintette donne la musique à entendre et se montre la lisant, nous nous produisons comme les interprètes d’Unica Zürn mais aussi et avant tout comme les lectrices de son œuvre. Et le glissement qu’opère le présent de la représentation nous emporte en même temps que les spectateurs vers une théâtralité rendant grâce à la force de cette œuvre.
Au reste, dans une étape ultérieure, comme les musiciens s’échappent de la partition, que notre lecteur soit convaincu que les actrices que nous sommes n’auront guère de peine à savoir leur texte : nous savons évidemment nous abstraire de sa lecture.
Le premier acte théâtral met de la distance.
On se regarde de l’intérieur et on se donne à voir de l’extérieur.
Puis vient la découverte de ce qu’on portait d’informe en soi.
Advient le jeu, l’entre, les je(s).
Il n’était pas question de donner un seul corps à cette artiste (qui d’ailleurs a mis fin elle même à son propre corps)…
Ce qu’elle a voulu laisser, c’est un livre.
Scénographie, espace.
« Je sens que le blanc va longtemps garder pour moi quelque chose d’outrancier.
Le blanc existe donc.
Ne plus vivre que dans l’étincellement.»
Henri Michaux
J’ai eu le désir d’expérimenter une surface blanche.Lieu de fascination, lieu de perdition, lieu de tous les possibles. Une surface vierge maculée au cours de la représentation par la trace la plus simple qu’un être humain puisse laisser sur terre : celle de ses pas dans la neige. Au reste, ces traces induisent une tension, la tentation de ramener la page griffonnée d’écriture à sa virginité originelle, à la page blanche de tous les possibles.
Le jasmin aussi est blanc.
Le blanc est dans certaines traditions (asiatique ou parfois africaine) un symbole de mort. Mais le blanc est aussi le symbole du premier émerveillement de l’enfant, le manteau de neige qui enchante le décor le plus sordide. Or, tel fut aussi le geste d’Unica Zürn : enfanter un émerveillement issu d’une réalité à nos yeux dangereuse voire sordide.
Elle revêt la misère d’un manteau d’étincelles et nous convoque ainsi à tenir debout face à elle. Son écriture procure à la fois la fièvre et l’apaisement que procure toute chute de neige. Arrêt, sidération, trouble, émerveillement, aboutissement.
Mon émerveillement de lectrice a rejoint celui qu’Unica Zürn avait pour le monde. Face à la réalité, le partage de L’Homme-Jasmin ouvre une porte à un autre possible. Une voie étroite, dont Unica Zürn n’est pas sortie indemne. Mais avant la chute, elle s’est tenue debout. Et c’est ce combat que je veux poursuivre.
Advienne que voudra
C’était bien beau
Goethe
Le dimanche 20 mars, à l’issue de la représentation au Théâtre de L’Échangeur, une rencontre a eu lieu autour des spécificités de l’œuvre d’Unica Zürn, avec, entre autres :
Isabella Checcaglini, responsable des éditions Ypsilon.
Sepp Heikisch-Picard, directeur du musée de Bochum (Allemagne), commissaire invité pour l’exposition Unica Zürn à la Halle Saint-Pierre en 2006.
Barbara Safarova, présidente d’abcd (art brut connaissance & diffusion), productrice, essayiste, maître des conférences en esthétique, directrice de programme au Collège International de Philosophie.
Frédérique Duplaix, psychanalyste.
Magali Montoya, metteure en scène.
A l’issue des représentations, était projeté un film réalisé par Barbara Safarova et Johnny Lebigot autour des oeuvres d’Unica Zürn.
A l’occasion du spectacle les éditions Ypsilon ont édité un texte inédit d’Unica Zürn, Lettres imaginaires. Tirage limité et numéroté
La vie d’Unica Zürn résumée par Ruth Henry
Unica Zürn est née à Berlin-Grunewald en 1916, où elle grandit « dans la merveilleuse maison avec l’éternelle félicité du terroir des indiens de mon enfance … » vendue par la suite. Le rêve d’un retour devait l’accompagner tout au long de sa vie.
Après avoir travaillé comme dramaturge à la UFA (Universum-Film-Gesellschaft, société de production cinématographique à Berlin) ; après un mariage d’amour et un divorce qui l’éloignera pour toujours de ses deux enfants nés pendant la guerre, elle commence en 1949 à écrire pour des journaux allemands et suisses. Point de reportages mais des contes fantastiques ou drolatiques, des shorts stories, très en vogue à l’époque. Vivant seule, elle se mêle alors à la vie de bohème berlinoise de l’après-guerre. En 1952, lors d’un vernissage, elle rencontre Hans Bellmer de passage à Berlin. En 1953, elle le rejoint dans son logis de la rue Mouffetard. Tout en continuant ses dessins et ses collages, initiée par Hans Bellmer, elle se met à composer ses premiers anagrammes. En 1954, les éditions de la galerie Springer à Berlin publient un recueil intitulé Hexentexte (textes sorcières), soit dix dessins et dix anagrammes.
A Paris elle rencontre, grâce à Bellmer, les surréalistes et se lie notamment d’amitié avec Man Ray, Meret Oppenheim, Patrick Walberg, André Pieyre de Mandiargues, qui préfacera plus tard son Homme-Jasmin.
Dans le domaine de la poésie, elle voue une profonde admiration à Hans Arp. En 1959, lors de l’Exposition internationale des surréalistes à la galerie Cordier, nous nous rencontrons, elle et moi, sa future traductrice — et l’amie qui l’ensevelira en 1970, après son suicide.
La vie du couple Bellmer-Zürn est marquée par une extrême pauvreté et les multiples internements d’Unica en cliniques psychiatriques. Dans les moments de calme elle poursuit la rédaction de récits plus ou moins autobiographiques commencés en allemand aux alentours de 1957. Cette période de création culmine avec deux textes écrits vers 1965 : Der Mann im Jasmin (l’Homme-Jasmin), dont le sous-titre « eindrücke aus einer geiteskranken » (« impressions d’une malade mentale » ) caractérise le contenu de ce livre singulier.
Le deuxième est intitulé Dunkler Frühling (sombre printemps), récit plus concis d’une grande force littéraire ; une évocation « du vécu érotique de mon enfance », selon la formule de l’auteur.
Ces deux textes , traduits en français peu après sa mort en 1970, lui valurent ses premiers admirateurs. Dans son pays d’origine, en Allemagne, une édition complète de ses œuvres a été établie à partir de 1988
On ne présente plus Unica Zürn… » A cette boutade d’un connaisseur, on pourrait tout autant opposer : « Unica Zürn, connais pas… » Si son nom, en France du moins devait rester confidentiel dans le milieu littéraire après la publication en 1971 de L’Homme-Jasmin (considéré par Michel Leiris comme le livre le plus important de cette année-là), sa réputation de peintre proche des surréalistes est déjà ancienne à cette époque : compagne de Hans Bellmer, elle participe depuis les années cinquante aux expositions du groupe ; et Max Ernst écrivit ou plutôt calligraphia pour elle l’avant-propos d’une exposition de ses dessins automatiques à la galerie du Point Cardinal. Le poète Henri Michaux apporta à la malade internée à Sainte-Anne des pinceaux, de l’encre de Chine et du papier à dessin pour l’encourager à poursuivre malgré tout ses travaux artistiques.
« Malgré tout » ou plutôt « envers et contre tout ». Car ce qui rend le destin de cette femme si exceptionnel, ce n’est pas tant sa maladie mentale, qui dura des années et l’obligea à fréquenter les cliniques psychiatriques, que le fait qu’elle ait réussi pendant les phases d’accalmie et de calme lucidité à rédiger un compte-rendu fascinant de ses expériences hors du commun et à tirer ainsi une œuvre de la déchéance croissante de son existence. C’est une œuvre d’une riche ambiguïté, sortie du plus profond d’elle-même ou de ses hallucinations. Sans trace apparente d’un travail littéraire, elle semble néanmoins marquée par un style bien particulier.
« La littérature semble y servir autant le délire que le délire la littérature », au point qu’une écriture a pu naître, qui se passe de tout commentaire psychologique ou affectif. « Les images doivent parler d’elles-mêmes », telle est la devise d’Unica Zürn, choisie sans dogmatisme mais avec la certitude d’une somnambule.
Dans les huit dernières années de sa vie elle fut hospitalisée (souvent internée) à l’Hôpital Wittenau de Berlin, et encore plus souvent à Paris : Sainte Anne, Maison Blanche, La Rochelle, clinique de La Chesnaie.
Une permission de sortie de cinq jours lui est autorisée le 19 octobre 1970 pour réorganiser sa vie. Après une journée sans incident passée auprès de Hans Bellmer, Unica Zürn se jette par la fenêtre de l’appartement.
Écrits d’Unica Zürn (sélection)
- Hexentexte Zeichnungen und Anagramme, postface de Hans Bellemer, Berlin. Galerie Springer 1954.
- Oracles et spectacles, Paris, Georges Visat, 1967.
Traductions de Ruth Henry : - L’Homme –Jasmin, Paris, Gallimard, 1971. Rééd coll. L’Imaginaire, 1991
- Sombre Printemps, Paris, Pierre Belfond, 1971. Le Serpent à Plumes, 2003
- Vacances à Maison Blanche, Derniers écrits et autres inédits, Joëlle Losfeld, 2000
- Lettres à Ruth Henry, Paris, édition privée -Le Son Lointain, 2006
- Le Blanc avec le point rouge (à paraître)
- MistAKE &autres écrits français, Ypsilon.éditeur, 2008.
- Gesamtausgabe in 8 Bänden (œuvres complètes), Berlin, Brinkmann &Bose, 1988-2001
Écrits sur Unica Zürn
- Unica Zürn, catalogue de l’exposition 2006-2007, Panamamusées-Halle-Saint-Pierre
- Rencontre avec Unica Zürn, Ruth Henry, édité comme postface à Sombre Printemps, Le Serpent à Plumes, 2003
- La femme s’entête, la part du féminin dans le surréalisme, Lachenal&Ritter, coll. Pleine Marge, 1998 dont : Ruth Henry, Unica Zürn, la femme qui n’était pas la poupée et Jean-François Rabain, Quelques Roses pour Unica Zürn,
- Françoise Buisson : Portrait d’Unica Zürn, L’œuf Sauvage, n° 3. mars-avril 1992
- Le Nouveau Commerce supplément au cahier 49 Approche d’Unica Zürn. 1981
- Catherine Binet Synopsis du film Les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz,, in Obliques, n°14-15, 1977
- Ruth Henry Veille, toi comme moi, in la revue Fragmentaires.
- Pour Unica Zürn, lettres de Hans Bellmer à Henri Michaux & autres documents, Ypsilon. éditeur, 2009 .
Anne Alvaro
Au théâtre elle commence à travailler en compagnonnage avec Denis Llorca sur des textes de Shakespeare, Corneille, Scott Fitzgerald et, dernièrement, « Le Singe égal du ciel » d’après Frédérick Tristan. Puis, avec André Engel, elle joue Penthésilée de Kleist, Lulu de Wedekind (rôles-titres) ainsi que Molière et Hofmannsthal.
Elle travaille également avec Jean Dautremay (Diderot), Maurice Bénichou (Tchékhov), Anne Torrés (Durif), Jean-Pierre Vincent (Fatima Gallaire), Michel Raskine (Agota kristof), Lucian Pintillé (Pirandello), Gabriel Garran (Tchékhov), Pierre Debauche (Tchékhov), Serge Valletti, Lukas Hemleb (Motton).
En 1996, elle rejoint la troupe de l’Odéon-Théâtre de l’Europe autour de Georges Lavaudant et travaille sur des textes de Jean-Christophe Bailly, Michel Deutsch, Bertolt Brecht et Georges Lavaudant. Avec Bernard Sobel, elle crée « La Tragédie optimiste » de Vichnievski, « Couvre-feu » de Roney Brett et « Innocents et coupable » d’Ostrovski, « La pierre » de Marius von Mayenburg.
Elle joue « Droit de retour » de Vladimir Yordanof ; « le crime du XXIème siècle » d’Edouard Bond avec Alain Françon ; « Le Prince » de Machiavel avec Anne Torrés ; « Père » de Strinberg avec François Marthouret, « Platonov » d’A. Tchéchov avec Claire Lasne ; « Mariage » de David Lescot avec Anne Torrés ; « l’Ombre de la vallée » de Synge avec Dominique Léandri ; « Titus Andronnicus » de Shakespeare avec Lukas Hemleb ; « la Terrasse du sous-sol » avec Patrick Sommier ; « Dans la forêt lointaine » et « Icône » de et avec Gérard Watkins ; « Le Marin » de Fernando Pessoa avec Alain Ollivier ; « Hamlet » avec Hubert Colas, et, dernièrement, « Gertrud » de Howard Barker avec Giorgio Barberio Corsetti et aussi « la ronde du carré » de Dimitri Dimitriadis.
Au cinéma, elle tourne « Danton » avec Andrezj Wajda ; « Bérénice » et « La Ville des pirates » avec Raoul Ruiz ; « La Java des ombres » et « À mort la mort » avec Romain Goupil ; « Le Goût des autres » avec Agnès Jaoui ; « La Chose publique » avec Mathieu Amalric ; « Sartre ou l’âge de raison » de Claude Goretta, ; « le bruit des glaçons » avec Bertrand Blier.
Ella a également mis en scène : « Janos » de John Berger, « L’Ile des esclaves » de Marivaux, « Troïlus et Cressida » de Shakespeare et « Esprit-Madeleine » de Macchia
Ulla Baugué
Elle est née en Allemagne le 20 janvier 1925. Après une formation (1945-1948) au Deutsches Schauspielhaus de Berlin sous la direction de Gustav Grundgens elle intégre le Stattheater de Fribourg. Suite à son mariage elle s’expatrie au Maroc puis en France où elle exercera comme interprète bilingue et journaliste jusqu’en 1985. Elle reprend brièvement son activité de comédienne en 1968 pour deux spectacles avec le théâtre du Radeau ; puis définitivement à partir de 1986. Elle crée tous les spectacles de Didier-Georges Gabily.
Elle travaille également sous la direction de Bernard Sobel, Jean-Yves Lazennec, Christian Esnay , Yann Joël Collin et Catherine Baugué. Elle joue dans «Ossia » de Didier-Georges Gabily et «Médée» de Sénèque avec Nadia Vonderheyden. Elle joue dans « D’une seule main » de et avec Joël Pommerat « les européens » de Howard Barker avec Christian Esnay.
Au cinéma elle joue notamment dans « le premier homme » de Gianni Amélio qui sortira en 2011.
Véronique Bisciglia / marilu
Après des études à l’école du Théâtre National de Chaillot, puis au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, au théâtre elle joue avec : Sylvie Ollivier, « Des traces d’absences sur le chemin », de Françoise du Chaxel ; Giorgio Ferrara « Goldoni Strehler, mémoires », de Myriam Tanant ; Claude Guyonnet « Violette, monologue », écrit par elle-même d’après un recueil de poèmes des surréalistes contre la condamnation de Violette Nozières.
Avec Cédric Tiberghien et Matthieu de Laubier, elle crée des spectacles dont « Chopin Sand Musset, Préludes et Correspondances », « Caf’conc’ haut alpin » pour un festival de musique dans les Alpes.
Au paravent, elle a travaillé, en Suisse avec Martine Charlet ; en France avec Annette Barthélemy, Catherine Beau, Romain Bonnin, Louis Castel, Michel Didym, Eugène Durif, Catherine Fourty, Jean-Marie Patte, Françoise Pillet, Jean Michel Potiron, Sandy Ouvrier, Eric Vigner, …
Elle a été assistante auprès de Gérard Cherqui, Catherine Beau, et Eugène Durif : « La ballade du vieux marin », « Divertissements bourgeois », « Parade éphémère ». Au sein de la compagnie Aglaée Solex, elle co-met en scène et co-écrit Accrochez-moi, Incendies, et Incidences (Ménagerie de Verre, Laboratoires d’Aubervilliers), Jean Jacques Lemêtre la fait travailler sur « Clair de Nuit »
Pour l’image elle est dirigée entre autre par Christophe Alévèque, Jacques André, Robert Vallet, Salvatore Lista, Claude Guyonnet, José Pinheiro… Licenciée en étude théâtrale, elle écrit et soutient en septembre 2009 un mémoire : « Jean-Marie Patte / Chronologie / Bibliographie », dirigé par Jean-Pierre Ryngaert.
Actuellement elle fait de la recherche historique.
Ariane Gardel
Suite à une formation de comédienne, elle joue auprès de G. Gilliet, Olivier Py, la Cie Eclat Immédiat et Durable, Paule Annen, Laurence Bourdil, M.Fabre.
En tant qu’assistante à la mise en scène, elle a travaillé avec Olivier Py, Laurent Vacher, Lambert Wilson.
Elle met en espace les lectures au Théâtre Jean le Bleu de Manosque pour le Festival littéraire « Les nuits de la correspondance » avec entre autres : Jean-Louis Trintignant, Gérard Depardieu, Edouard Baer, Éric Caravaca, Robin Renucci, Ariane Ascaride, Jean-Claude Penchenat, Christian Schiaretti, Philippe Torreton.
Elle est déléguée à la fiction à la Compagnie des Phares et Balises, production audiovisuelle, dirigée par Jean Labib. Elle est directrice littéraire sur la série Nicolas Le Floch.
Scénariste, elle a coécrit « Ticket choc » de M.P. Huster et « Le Temps des amours et des secrets » avec Louis Gardel.
Auteur de théâtre, elle écrit « Dancing planet » ( m.e.s F. lazarini), « De fille en aiguille » (m.e.s Cécile Backès) et co-signe les « Contes de la mine » avec P.Malone (m.e.s Laurent Vacher).
Elle a publié trois romans aux Editions de L’Olivier « On ne parle jamais de Dieu à la maison », «Le poids de la Neige », « Je préfère la comédie ».
Magali Montoya
Au théâtre elle travaille, entre autres, avec Alain Ollivier « le Marin » de Fernando Pessoa et « Pelléas et Mélisande » de Maurice Maeterlinck ; Olga Grumberg « La fête » de Spiro Scimone; Laurence Sendrowicz « Que d’espoir » d’après Hanokh Levin ; Dominique Lurcel « Nathan le sage » de G.E.Lessing, « folies coloniales » de Dominique Lurcel ; Gilles Aufray « La Ballade de la femme hérisson » de G. Aufray ; G.Aufray et Renaud Herbin « Là d’où je viens » de G.Aufray; Christophe Greilsammer « Marguerite » de G.Aufray ; Hélène Mathon « Tentative d’épuisement d’un lieu parisien » de Georges Pérec ; Nicolas Kersenbaum « Et le respect s’étendra devant nous comme un tapis de velours sur lequel nous marcherons sans nous blesser » d’après Grisélidis Réal ; Jean Boillot « le sang des amis » de J-M Piemme, « Rien pour Pehuajo » de J.Cortazar, « le Décaméron » de Boccace ; Arnaud Churin « L’Ours normand Fernand Léger » d’après F. Léger et Dora Vallier ; David Géry « Britannicus » de Racine ; Gildas Milin « La troisième vérité » de G.Milin ; Mehmet Ulussoy « Equateur funambule » d’après A.Césaire, « l’Alchimiste » d’après Rumi ; Olivier Py « Réveille toi Roméo » de Olivier Py ; Pierre Guillois « Roméo et Juliette » de Shakespeare ; Pierre-Etienne Heymann « Le Débit de pain » de B.Brecht ; Jean-Marc Bourg « Don Juan revient de guerre » d’O.Von Horvath ; Jean-Pierre Vincent « Princesses » de Fatima Gallaire ; Michel Touraille « Aimer Baudelaire » d’après Charles Baudelaire et, dernièrement, elle travaille avec Jean-Marie Patte.
Elle co-écrit et met en scène avec la formation cabine d’essayage « life doesn’t make gifts to anyone, but » (courant d’art , Poitiers) et « Fugue N°1 » (scène nationale, Poitiers), une histoire pour Sophie Calle (Paris) , et part en résidence d’écriture à Montévidéo (Marseille).
Elle co-met en scène « le journal de Mouloud Feraoun » avec Dominique Lurcel. (Rencontres de la Grande Halle de la villette)
Au cinéma, elle travaille avec Gianni Amélio « Le premier homme » ; Raoul Ruiz « Vertige de la page blanche » ;Yves Caumon « Amour d’enfance » ; Jacques Doillon « Ponette » (travail en amont avec les enfants/acteurs) ; Thomas Vincent « les Mickeys ».
Elle crée sa compagnie de théâtre Le Solstice d’Hiver le 21 décembre 2009.
Revue de presse / Documents
Interview de Ruth Henry par Anne de Queiroz et Magali Montoya
– Vous dîtes souvent, elle est ce qu’elle a écrit elle a écrit ce qu’elle était.
R-H : C’est mon dire c’est vrai , quand elle parle d’elle c’est 100% elle et en même temps c’est comme le témoignage de la vie d’une femme autre, à cause de cette distance , il n’y a pas de fioriture pas d’enveloppe ,non ? je dis toujours : Unica était une femme sans mise en scène. Elle n’a pas joué de rôle .
Elle avait quelque chose de très rare, très rare, elle était d’une authenticité totale …elle a son ton à elle, je dis pas rauque mais
– Âpre ?
R-H : Oui..,c’est très bon aussi en allemand… Et ce qui étonne c’est cette soi-disant distance qui fait qu’en même temps elle est complètement dedans et dehors, non ?
– Cela nous fait penser à l’enfance, nous avons titré un passage du texte « la chambre de l’enfance… »
R-H : Elle aurait voulu ne pas sortir de l’enfance, ça c’est une vérité. Cette distance qu’elle veut en vérité tenir avec la vie, je crois qu’il y a aussi ce désir de pureté, de blanc … elle a gardé le rêve de pureté de son enfance jusqu’au bout … elle sait parler d’un endroit qu’on a quitté …Y’avait toujours ce savoir que dans l’enfance c’est autre.
…. elle a toujours écrit ,elle a même vécu de sa plume à Berlin dans les années après-guerre, mais les choses les plus importantes elle les a écrites entre 1959 et 1970….là il y avait une urgence, je pense au mot témoignage…la deuxième partie de sa vie est devenue la partie la plus créative et la plus tragique aussi…
L’Homme-Jasmin n’est pas un livre sur la folie, elle a écrit sur sa folie qui la menace et qu’elle connait et qu’en partie elle adore ; parce qu’elle admire certains événements qui lui arrivent là, elle avoue, elle choit ses visions… c’est la chute après qui était difficile…
Et en même temps c’est aussi un témoignage du créateur. Je pense que c’est là où peut-être elle est allé plus loin…elle parle de ce que c’est créer… les stigmates de la femme créative …Etre créatif c’est encore un danger en plus…j’en suis sure, quelqu’un qui est créatif est plus exposé dans la vie que quelqu’un qui se tient conforme au quotidien
– Bien sûr c’est à la fois une ressource et ce que vous dites
R-H :Tout artiste c’est ça, non ? Il y a eu en Allemagne des essayistes qui ont écrit autour du danger d’être écrivain, femme poète et qui comparent Unica souvent à Sylvia Plath .
– Oui, on sent une parenté d’esprit, de lucidité, de vocation …
R-H : Elle était fort intelligente, c’était un intellect, faut pas se leurrer, rien que son ironie, elle est très perceptible, y’a de l’humour aussi…l’esprit, tout vient de là…
– Et la proximité de Bellmer… artiste aussi ?
R-H : Bellmer n’était pas la facilité même, il était aussi … , il avait aussi ses déprimes… Mais c’était un couple qui devait se trouver, ça c’était certain ; il lui a été nécessaire comme elle lui a été nécessaire, ça existe ça… dés leur rencontre ça a été le fleurissement de toutes ses capacités
– Elle dessinait déjà avant leur rencontre, il y a ce dessin de 1950, qui nous a tout de suite évoqué un passage du texte où traversée par une hallucination elle réalise son « vieux rêve d’enfance , être danseuse… »
R-H : Oui je comprend il y aussi un vertige là… elle aimait bien les choses qui sont là haut ; je trouve aussi quelque fois c’est très fort oui… elle fait presque aimer la folie n’est-ce pas ? là elle fait du danger…
– Enfin … ce qui nous atteint c’est surtout sa capacité à nous donner accès à des territoires que nous ignorons, sa force de transmission …vous la citez quelque part, « les images doivent parler d’elle même », cela vaut pour ses dessins et pour son écriture aussi…c’est peut-être ça qui a fasciné Michaux …la force de transmission de son imaginaire.
R-H : Oui, certainement et elle avait ça sans drogue, ça l’a beaucoup fasciné c’est sûr …mais Unica était…Son existence en elle même était la poésie, c’était sa nature et ça, je pense que Michaux aimait ce côté entièrement poétique de cette femme… j’ai l’impression qu’il y a quelque chose de magique qui attire
– Il y a une chose du secret aussi
R-H : Elle sait peut-être plus ? Y’a quelque chose à trouver là qu’on trouve nulle part ailleurs c’est ça ?
– A quelle part de nous s’adresse-t-elle ? « est-ce qu’elle articule quelque chose qui peut nous éclairer sur ce qu’il y a en nous-même ? (Roger Cardinal, à propos de ses dessins) »
R-H : Elle sait quelque chose de plus de la vie, un de ces grands secrets de la vie qu’on devrait savoir, qu’on va savoir un jour, tout le monde va le savoir un jour, peut-être seulement dans la mort… elle approche çà, oui… Et elle le soigne le secret, et tout en le soignant elle l’expose comme sujet naturellement, comme objet de désir…( je dirais parce que visiblement vous avez un désir et c’est ça qui est touchant d’ailleurs)
– Et le paradoxe c’est que du secret, elle arrive à nous livrer presque l’incommunicable , à nous faire partager…oui elle s’adresse à une compréhension peut-être en sommeil ?
R-H : Ce n’est pas par hasard si quelqu’un comme Michel Leiris, un homme qui était aussi à la recherche d’autres choses, m’a écrit, en parlant de l’Homme-Jasmin : « c’est une des parutions les plus importantes de l’année pour moi ». Il était tout surpris parce qu’il la connaissait que comme dessinatrice comme tous les surréalistes d’ailleurs et… il était …c’était pour lui extrêmement important, donc il a du avoir un impact, quelque chose de rare … On peut parler d’initiation, on ne parle pas de mystique… on parle d’initiation… parce que c’est vrai il faut bien se dire, chez les anciens celui qui connaissait la folie il était un initié il était tout à fait classé et vénéré pour ça …Et elle se sentait à juste titre peut-être initiée. Et si tu es capable de donner un tantinet de cette chose c’est un secret, l’initiation si tu es capable de transmettre un tantinet de ça, c’est déjà une action c’est pas donné à tout le monde…Et ça explique aussi peut-être la peur de certaines personnes…c’est glissant, c’est glissant
– Et ça explique aussi peut-être les difficultés que vous avez rencontré, notamment pour faire édité le texte en Allemagne ?
R-H : Vous savez le surréalisme manquait…en France Gallimard a dit oui tout de suite et c’était son désir d’être édité d’abord en français et chez Gallimard…et quand j’ai envoyé le texte dans une maison d’édition équivalente en Allemagne, à francfort, un ami poète était lecteur et il n’a pas pu imposer ça …je crois qu’il a eu lui-même un peu peur…le fait qu’elle oscille entre la vérité et la folie, entre la littérature et le constat….ça a duré 7 ans !
– Après il y a eu un bel écho…Hannah Shygulla et Fassbinder avaient le projet d’adapter l’Homme-Jasmin …son intuition poétique et prémonitoire quand elle écrit qu’elle enfante un nouveau Berlin, « dans sa parfaite unité » …ne leur a pas échappé…
R-H : Oui, c’est une image étonnante…