AINSI PARLAIT PÉNÉLOPE
de Tino Villanueva
traduit de l’anglais par Tomás Pereira Ginet
Mise en scène: Magali Montoya
Avec
Catherine Baugué, Roberto Basarte et Magali Montoya
Musique, Roberto Basarte
Scénographie, Ronan Cahoreau Gallier et Magali Montoya
Lumière, Ronan Cahoreau Gallier Assistant mise en scène Jules Churin
Photographe Bellamy
Administration de production, Silvia Mammano
Création au théâtre Le Colombier Magnanville ,
le 26 novembre 2021
18 Novembre 2022, à l’occasion de la venue de l’auteur Tino Villanueva
Au Studio Caracol à Bagnolet. Et ce soir-là, la participation exceptionnelle de Anne Alvaro, Océane Caïraty, Catherine Jabot et Christine Nissim.
29, 30, 31 Mars 2023, Atelier du plateau, Paris 19 ème L’atelier du plateau Pour ces trois représentations, la complicité et participation exceptionnelle de Emmanuelle Grangé, Emanuela Pace, Agathe Paysant et Stéphanie Schwartzbrod le mercredi 29. Edith Baldy, Clara Paute, Nathalie Pivain, Nadia Vonderheyden le jeudi 30. Marie Cariès, Marie Darroussin, Catherine Jabot, Nathalie Kousnetzoff, le vendredi 31.
Alicante, université de Elche/Alicante 17 & 18 Mai 2023 (III Congreso MUROS historia chicana, interdisciplinar : Ciencias Sociales, Humanidades y Bellas Artes), avec la participation exceptionnelle de Alicia Palazón Alesón
Festival tournée Générale 30 juillet 2023 Paris
22 juin 2024 Festival Les Scènes Sauvages Vallée de la Bruche
Le texte est édité aux éditions de La Maison Rose
Remerciements à Jeanne-Sarah Deledicq et Tomás Pereira Ginet et au Nouveau Gare au Théâtre Vitry sur Seine
« C’est le palais où j’ai appris à survivre »
Une femme attend un homme parti à la guerre, Ulysse.
Elle, c’est Pénélope. Elle nous invite à un voyage initiatique où l’attente devient passion, persévérance, acte de résistance.
Une vie avance et se tisse avec des armes miraculeuses qui auront raison du désespoir.
Deux actrices, un musicien et les accents d’une guitare donneront de la voix à Pénélope.
« Reviens-moi
en lumière d’étoile distante, Ulysse »
D’une plume inspirée d’Homère, Tino Villanueva nous offre une ode à la puissance de la vie et à l’amour au delà de l’épreuve.
Aujourd’hui, combien d’ Ulysses paient encore à la guerre un tribut ancestral ; qu’ils la fuient ou qu’elle les enrôle?
Combien de Pénélopes tremblent-elles encore pour des embarcations de fortune ?
Un manifeste pour les temps passés et présents,
« L’espoir est une déesse qui veille sur moi »
COURTES biographies de l’auteur, du traducteur et des interprètes
TINO VILLANUEVA a consacré sa vie à l’enseignement, la poésie, l’édition et la peinture. Né à San Marcos (Texas) le 9 déc 1941, il est issu d’une famille mexicaine de journaliers agricoles migrants. Son enfance est bercée par l’itinérance de ses parents entre différents états à la recherche de travail dans les champs des grands propriétaires blancs. Jeune adulte, il fait son service militaire dans la Zone américaine du Canal de Panamá. C’est là qu’il découvre la poésie moderniste grâce aux Panaméens avec lesquels il se lie d’amitié. Viennent ensuite les études supérieures dans plusieurs universités américaines qui l’emmènent jusqu’au doctorat à l’université de Boston où il a enseigné pendant presque trente-cinq ans. Dans les années 60, il s’engage dans différents groupes d’activistes qui défendent les droits civiques des chicanos (la minorité composée de citoyens américains de parents mexicains). Il est non seulement le témoin mais l’acteur d’une époque qui est également celle de la « Renaissance chicana » : l’avènement d’une nouvelle poésie en espagnol ou en anglais mais le plus souvent hybride. Dans ses poèmes, il explore les problématiques sociales, la mémoire, l’attente et l’Histoire. En 1984, il fonde une revue de poésie, Imagine : International Chicano Poetry Journal. Il est l’auteur d’une dizaine de recueils de poésie, dont Hay Otra Voz: Poems (1972), Scene from the Movie GIANT (1993) qui lui valut le American Book Award for Poetry, Crónica de mis años peores (1994) et Primera causa (1999). Ses poèmes ont été traduits en espagnol, français, italien, portugais, allemand, grec et coréen. Bilingue, biculturel et sensible à l’altérité, Tino Villanueva est un bâtisseur de ponts entre les époques, les territoires, les cultures ; entre la littéralité et l’oralité. C’est là toute la force de sa poésie. Ainsi parlait Pénélope est son dernier recueil.Inspiré de la plume d’Homère il donne une voix à celle qui attend le retour du héros et dont le lecteur devait jusqu’à présent presque tout imaginer. Présentation de la traduction française (extrait) par Tomás Pereira Ginet (traducteur) Les Éditions de la Maison Rose, avril 2019.
TOMÁS PEREIRA GINET est traducteur, interprète de conférence et chercheur. Titulaire d’un master 2 LLCER Recherche à l’Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, il s’est intéressé aux enjeux traductologiques de la parole proverbiale dans les romans de Charles Dickens pour son mémoire de master, retenu pour le Prix Paul Bensimon du meilleur mémoire de traduction. Doctorant pendant trois ans dans cette même université (en cotutelle avec l’Université d’Alcalá de Madrid), ses travaux de recherche concernent la censure en traduction des récits d’anticipation anglais dans l’Espagne franquiste et la France sous l’occupation allemande. Il a notamment traduit des textes de Tino Villanueva, Martín Espada, Deborah Paredez, Mary Kate Azcuy, Patrick Autréaux et Martin Crimp. Il se consacre, par ailleurs, à l’écriture.
CATHERINE BAUGUÉ, actrice est née en Allemagne , de mère Allemande, elle grandit en France. elle débute avec le Théâtre Du Radeau au Mans ; c’est la rencontre avec Didier Georges Gabily en 1986 qui sera déterminante : création du Groupe T’Chang, avec Serge Tranvouez, Jean François Sivadier Yann-Joël Collin, Christian Esnay, Nadia Vonderheyden… Formée par Antoine Vitez à l ‘Ecole du Théâtre National de Chaillot, elle le suit à la Comédie Française.
Fidèle au compagnonnage fondamental avec le Groupe T’Chang de Gabily, elle s’engage néanmoins sur des aventures théâtrales autonomes, avec Jean Marie Villégier, Michel Dubois, Bernard Sobel avec qui elle crée Sarah Kane en France pour la première fois. Avec le “Théâtre Oratorio” d’Eva Vallejo et Bruno Soulier, elle chante le rôle de Toboso dans la comédie musicale “Quichotte”, livret de Jean-Luc Lagarce. Simultanément, elle rejoint le metteur en scène russe Anatoli Vassiliev au cœur d’un “Théâtre Laboratoire” itinérant depuis 2004, en passant par la création des “Nouvelles de Tchékhov” au Théâtre de l’Atalante. Elle a mis en scène le poète zen japonais Santoka et Oh les beaux jours de Samuel Beckett. Au cinéma et à la télévision, elle a tourné notamment avec Laurent Cantet, Valérie Minetto, Frédéric Jardin (Engrenages).En 2020 elle interprète le rôle de la mère dans First Trip (Virgin Suicides) adapté du roman d’Eugenides et mis en scène par Katia Ferrera..
MAGALI MONTOYA , actrice et metteur en scène est née à Sète. Portée par une rencontre avec Jean-Marie Patte, elle crée la compagnie, Le Solstice d’Hiver en 2009. Directrice artistique elle travaille à la conception des spectacles sans abandonner sa place d’actrice. Elle a adapté, mis en scène et joué L’Homme jasmin d’Unica Zürn La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette – dans l’intégralité du roman, Les tigres sont plus beaux à voir d’après la vie et l’œuvre de Jean Rhys, et Ainsi Parlait Pénélope de Tino Villanueva… Après une formation au conservatoire de Montpellier, elle a travaillé comme actrice avec entre autres Jean-Pierre Vincent pour Princesses de Fatima Gallaire, Allain Ollivier sur le Marin de F. Pessoa et Pelléas et Mélisande de M.Maeterlinck, Mehmet Ulussoy autour d’Aimé Césaire, Le discours sur le colonialisme et Cahier d’un retour au pays natal puis de Rumi, Pierre Guillois pour Roméo et Juliette Dominique Lurcel sur Lessing, Nathan le sage puis sur une des versions du journal de Mouloud Ferraoun, jean Boillot pour le Décaméron de Boccace, puis sur J. Cortazar Rien pour Pehuajo, et sur jean Marie Piemme Le sang des amis, Arnaud Churin autour de Dora Vallier (l’intérieur de l’art) et Fernand Léger, L’ours normand Fernand Léger, avec David Géry pour Britannicus, Pierre-Etienne Heymann autour de Brecht, Jean-Marc Bourg pour Don Juan revient de guerre d’Odon Von Horvath. elle retrouve régulièrement l’auteur Gilles Aufray autour de ses textes et d’un travail sur l’oeuvre d’ Hélène Bessette, et La Revue Éclair, Stéphane Olry & Corine Miret. Elle réalise avec le musicien Roberto Basarte un Hommage à Grisélidis Réal et Ionas (peintre) Au cinéma, elle joue sous la direction de Raoul Ruiz Vertige de la page blanche, Jean-Paul Civeyrac Gens de passage Yves Caumon Amour d’enfance, Emmanuel Vernières Tournons ensemble mademoiselle Darrieux. Marc – Antoine Vaugeois, Les sables de Fontainebleau . Et, pour l’artiste Bethan Huws, dans son film Zone d’après Apollinaire, diffusé en galeries et dans des musées en France Angleterre…Elle travaille aussi derrière la caméra avec Gianni Amélio pour le premier homme (sur le tournage avec l’actrice Ulla Baugué) et Jacques Doillon, Ponette (préparation en amont du tournage avec les enfants)
Le musicien / compositeur ROBERTO BASARTE guitares Pétri d’influences rock mais aussi de musiques ethniques, électroniques et symphoniques, Roberto Basarte a consacré sa vie à explorer les contrées musicales les plus diverses. De la jungle des villes à celle de l’Amazonie péruvienne, de l’Andalousie à l’Angleterre en passant par le Zaïre, ce chanteur et aventurier de la six cordes est en quête perpétuelle de magie et de poésie.Il est l’un des membres fondateurs du groupe Les Officiels. En 1985 il devient guitariste des Rita Mitsouko. En1986, il est signé par Dave Stewart de Eurythmics, pour son groupe les Century Boys (en duo avec Marc Anciaux) sous le label Auxious Music. Cette aventure donne lieu à un film d’Amos Gitaï, « Queen Mary 87 ». A Londres, il travaille avec de nombreux artistes : Jim Nellis, Robert Crash, Tony Haliday (groupe Curve), Alan Moulder, Annie Lennox, Dave Stewart. A son retour en France, François Hadji Lazaro l’invite à rejoindre le groupe Pigalle. Il est également guitariste d’Alan Stivell pour la tournée Brian Boru. Il mène parallèlement deux projets de world music avec les artistes César Loboko (Zaire) Julius Essok (Cameroun). De 1992 à 2011, il compose pour l’émission « Ushuaia ». Débute ensuite son compagnonnage avec Magali Montoya. Depuis 2013, il signe les compositions originales des spectacles du Solstice d’Hiver. D’abord pour un hommage live à Grisélidis Réal et au peintre Ionas ; Puis en 2016/17 il compose et joue sur scène la musique de l’intégrale de La Princesse de Clèves et en 2020/21 Les tigres sont plus beaux à voir et enfin Ainsi parlait Pénélope Été 18, il donne un concert au Festival Jazz en Morvan à La Rochemillay A l’automne 2019 il est invité par Catherine Ringer pour le concert Les Amitsouko, à la Philharmonie de Paris. (Cette soirée unique réunit aussi Lulu Van Trapp, Minuit et Fat White Family). En Juin 2022 il donne un concert au Carreau du Temple pour l’émission Ocora Couleurs du monde (France culture) Il compose ses chansons et musiques et prépare la sortie d’un album Autobiography
Vingt ans dans l’attente
Juste au moment où je croyais que les étoiles de l’amour
ne brilleraient plus pour moi, que je resterais seule,
une femme vivant davantage dans la lamentation que dans l’espoir,
j’ai descendu les marches menant à la grande salle pour retrouver
le mendiant qui, la veille, avait marché droit sur
mon regard ; ce mendiant n’était pas un inconnu
mais Ulysse lui-même, l’homme que j’aime comme une femme
ne peut aimer qu’une seule fois. Le seuil de notre chambre aussitôt
franchi, dans une étreinte que nos corps revendiquaient, les
larmes aux yeux, heureux de nous enlacer enfin, j’ai su au plus
profond de mon cœur, comme l’épouse qui se sait finalement
à la maison avec son époux, que le mal d’amour n’était plus.
Deux amants longtemps séparés, nous avons bu, bu et, après une pause
… nous avons bu encore de nos baisers. Trois fois j’ai remercié
les dieux, la mer. Puis, noyée par le désir,
je me suis sentie fondre, nos tuniques tombant
aux pieds de ce tronc d’olivier creusé, notre lit −
les corps en éveil comme quand un oiseau en cage
bat des ailes et réclame son droit de voler. Des années durant j’ai vécu au rythme d’un cœur qui s’éteint mais plein de sagesse face aux hommes en liesse
et aux dieux disparus. Maintenant que l’homme tant attendu
a baigné ma chambre comme les vagues le rivage : j’ouvre les yeux
et vois, par-delà le plafond, une vaste étendue de ciel sur
laquelle Ulysse navigue sûrement au-dessus de moi. La vie
que ces deux corps font vibrer, l’un par l’autre mu,
tous deux en mouvement vers le sacre des époux
après vingt ans d’attente. Ce que nous avons prononcé a
hissé l’amour bien plus haut ; l’a fait s’élever à des hauteurs
délicieuses où nul son ne peut être entendu, à part
le son de deux amants dans une pièce pleine d’amour
où époux et femme arrivent enfin, arrimés l’un
à l’autre, à cet instant rêvé, imaginé, moment
de ravissement absolu, loin des mots, doux à notre goût
de mortels. Ô cœur ébahi et exalté quand, face à lui
se révèle que l’espoir avec l’espérance ont donné
leur fruit. À lui, cette nuit, de moi j’ai tout donné. Athéna
avait freiné les chevaux de l’aube, pour laisser le monde plongé dans la nuit.
L’Aube – et les premières nuances de couleur nous ont trouvé toujours
drapés de nos bras enlacés, Ulysse et moi, les mots disparus, dans la
conscience que l’amour, comme toujours, est la lumière qui nous fait vivre.
Extrait de Ainsi parlait Pénélope
de Tino Villanueva , traduction Tomás Pereira Ginet
©Éditions de la Maison Rose