La Princesse de Clèves

texte Madame de Lafayette
adaptation et mise en scène Magali Montoya

avec les comédiennes
Emmanuelle Grangé (Arlette Bonnard à la création), Éléonore Briganti, Élodie Chanut, Bénédicte Le Lamer, Magali Montoya
le musicien Roberto Basarte

scénographie Emmanuel Clolus
composition musicale Roberto Basarte
lumière Pascal Noël
son Marc Bretonnière
assistant à la mise en scène Guillaume Rannou
stagiaire mise en scène Jules Churin (INSAS Bruxelles)
régie générale et plateau Lellia Chimento
régie lumière Frédéric Chantossel
régie son Nicolas Perreau
costumes (confection)
ateliers TNS et MC2: Grenoble; Virginie Gervaise pour la reprise
décor (construction) ateliers MC2: Grenoble
maquilleuse Christelle Paillard
photos Jean-Louis Fernandez

un spectacle de la Cie Le Solstice d’Hiver
administration Céline Bothorel, Silvia Mammano
production déléguée MC2: Grenoble
coproduction Théâtre national de Strasbourg,
Théâtre national de Bretagne Rennes, Maison
de la culture de Bourges, MC2: Grenoble,
Compagnie Le Solstice d’Hiver ∙ avec le soutien de la Direction des affaires culturelles d’Île-de-France (ministère de la Culture et de la Communication) et l’aide au compagnonnage du ministère de la Culture et de la Communication.

Remerciements au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers au théâtre de l’Aquarium et au TGP Saint-Denis.

LA SPEDIDAM est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistrées.

Avec le soutien d’ARCADI Île-de-France.


Fin acte II /
Roberto Basarte d’après Pachelbel

« Que ne lui dit-il pas pour lui dire ? »
Marie Madeleine de Lafayette, La Princesse de Clèves
Avril 2014
Quinze jours passés à la MC2 dans la salle de répétition baignée de lumière, donnant sur une chaine de montagnes et les lignes d’un dossier écrit un an auparavant me reviennent,
obsédantes, et rassurantes comme un engagement à tenir…
Mettre à la scène dans son intégralité La Princesse de Clèves, puisque c’est dans ce geste là que j’envisage possible de témoigner des siècles d’empathie qui nous relient à ce roman,
puisqu’il m ‘a été impossible de me défaire d’une seule des histoires qui le composent,
puisque Madame de Lafayette l’a écrit comme ça, pensé dans cet entrelacement de récits où se glissent des scènes, des dialogues, des soliloques, des envolées, offrant dans leur écoute un écho singulier pour chacun d’eux.
Le faire avec des actrices jouant les reines et les rois de cette histoire, des femmes pour porter ce texte aux accents de confession féminine, des femmes qui avec la même malice et la même fraternité pour l’humain que l’auteur, joueront aussi les hommes…
Un miroir de l’âme aux mille facettes où se réfléchit une vérité née du verbe.
Une vérité, Oui une vérité, celle d’un travelling qui ouvrirait sur « la magnificence et la
galanterie n’ont jamais parues en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du
règne de Henri second…» et s’achèverait par « et sa vie, qui fut assez courte, laissa des
exemples de vertu inimitable ».
Entre ces deux phrases un monde, celui du pouvoir, sous l’emprise des codes de la cour qui
bien qu’aussi lointains pour nous que des rituels d’indiens d’Amazonie ne sont pas si éloignés des carcans que la vie nous impose aujourd’hui : quel personnage jouons nous avant d’être nous mêmes?
Entre ces deux phrases la vie palpite et se défend, en vient aux larmes quand les masques
tombent, au souvenir quand les morts revisitent les vivants…
Entre ces deux phrases, une savante dissection de l’amour, qui nous tient dans le creux de sa main, créatures fragiles que nous sommes ; l’expression d’un état qui nous domine et nous fait vivre.
Entre ces deux phrases, la question de la sincérité, de la vertu, de la difficulté de l’acte de
vivre, d’aimer, d’être libre.
Se laisser traverser par ce rêve là, rejoindre l’origine d’une écriture et être là, voir cela naître
dans le corps des actrices dont les présences, les voix, à la recherche d’une intériorité
partageable éclairent la nuit de mes pensées, donnent du corps à des intuitions folles, font
voyager l’écriture du roman vers la théâtralité qui s’y cache… Avec la délicatesse d’une
plume prise dans son envol et qui se pose sur un sol incandescent.
Assister à ça, en être éblouie de bonheur, et repartir, réinterroger, revenir à l’écrit, aux mots
qui se posent en nous, descendent, cherchent leur ligne de départ, oui, le texte appris par
coeur ! Et quel texte ! Et la confiance d’aller vers l’inconnu avec ce que nous savons, nos
vies, notre métier, et se remettre à l’ouvrage de nous mêmes… Avec une joie qui nous guide
dans une recherche vers quelque chose de plus grand que nous, nous éveille vers un pays
lointain, celui d’une femme sous le règne du Roi Soleil écrivant volontairement dans
l’anonymat cette histoire qui traverse les siècles et ne prend pas une ride dans son pouvoir de transmission…Tâcher de rejoindre le mystère de l’écriture.
Cristal. Intensité.
Sandra et Roberto (oh un homme !) nous ont rejoint, ils sont là avec nous, le quintet des
actrices (Arlette, Eléonore, Elodie, Béatrice et moi) se transforme en septet ; Ils écoutent avec leurs mains.
Sandra peint sous « impulsion visuelle » ou « à l’écoute », son regard se pose longuement sur
nous puis elle replonge dans son monde, sa table de travail, ses encres, le papier… Et sa main prend les devants d’un inconnu à surgir…nous voilà reliés ailleurs, au delà de nos présences, témoins à notre tour d’un acte en cours…
Silence.
Roberto donne de la voix autrement, entouré de ses guitares, résonnance anachronique,
Gibson S335, Fender baritone, Stratocaster…Oui, un cri…peut être celui que la langue retient et qui est là en attente… ne peut s’exprimer que par la corde sensible. Surgissement de la musique… puissance sauvage …réveil autre des sens déjà en alerte …
consolation…prolongement… aire de repos…perturbation…
Tiens ! il a quitté ses guitares et ses pédales et se mêle à nous.
Musique.
Sandra et Roberto sont là avec nous, on se croise, on s’observe, on s’écoute, on se mélange.
Alchimie.
Et un jour le rideau se lèvera et nous continuerons à travailler à vue au plus proche de ce que nous aurons peut-être saisi, au plus prés du dénuement qu’appelle une vérité, passeurs d’une femme qui pleurait au théâtre sur les épreuves de l’Alceste de Molière aux accents de la musique de Lulli, et écrivait à la fin de sa vie « c’est assez que d’être ».
Madame la romancière Brouillard comme vous appelaient vos amis, qu’est-ce que vous nous avez laissé en vous cachant pour observer comment cela serait reçu ? Quelle malice et quel esprit ! On va porter votre Princesse à la scène mais rassurez-vous, on garde tout, c’est vous notre dramaturge, notre guide.
Savez vous qu’on vous célèbre aujourd’hui en publiant vos oeuvres complètes dans la
collection de la pléiade…qu’un colloque s’est tenu, intitulé « Princesse de Clèves
2014, anatomie d’une fascination » …ces hasards qui n’en sont pas nous donnent beaucoup à lire, à entendre sur vous …
Vous ne pouvez pas répondre, nous le ferons avec vos mots, j’espère au plus prés de vous, de cette vérité qui éblouissait les cercles qui vous entouraient,
Oserais-je vous dire que cette Vérité comme valeur absolue de la grandeur de l’être, de sa
dignité, cette vérité qui nous fait défaut aujourd’hui dans divers endroits, nous en avons
besoin ! Comme d’un repère à ne pas perdre de vue, une nécessité à sauver l’humain, à
déceler dans sa résistance un air de liberté, quand le danger menace…
Je signe cette promesse à votre façon « adieu, vous savez ce que je vous suis »

Magali Montoya

Tournée 2015-2016

Création à la MC2 : Grenoble du 5 au 16 janvier 2016
11 représentations dont 3 intégrales

Théâtre national de Strasbourg du 21 janvier au 3 février 2016
12 représentations dont 4 intégrales

Théâtre national de Bretagne les 25, 26 et 27 février 2016 partie 1, partie 2 et intégrale

Maison de la culture de Bourges les 3, 4 et 5 mars 2016 partie 1, partie 2 et intégrale

Comédie de Béthune centre dramatique national les 10 et 11 mars 2016 partie 1 et partie 2

L’Échangeur Paris du 19 au 26 mars 2016
7 représentations dont 3 intégrales

Tournée 2017-2018

MC2 : Grenoble les 11 et 12 novembre 2017, Intégrale

Scène Nationale de Sénart les 18 et 19 novembre 2017, Intégrale

Bonlieu Annecy les 25 et 26 novembre 2017, Intégrale

MC 93 les 2 et 3 décembre 2017, Intégrale

Théâtre de La Commune d’Aubervilliers les 16 et 17 décembre 2017, Intégrale


Revue de Presse